Les alliances inter-ethniques

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LES ALLIANCES A PLAISANTERIES COMME MOYEN DE COHESION SOCIALE

« Il est essentiel que nous soyons nourris de notre culture et de notre histoire si nous voulons créer cette personnalité africaine qui doit être la base intellectuelle de notre avenir panafricain ». 
Kwame N’KRUMAH

Les alliances à plaisanteries sont un phénomène social, caractéristique des relations humaines. De même qu’il existe dans certaines sociétés, certaines civilisations des échanges et des hiérarchies entre les membres de familles, de même il existe des liens entre les membres de clans différents.

  1. LES FONDEMENTS

Ces types de relations ont longtemps été expérimentés dans beaucoup de sociétés africaines pour diverses raisons. La plupart traduisent des relations religieuses, militaires, économiques, juridiques à l’intérieur de la famille, du clan ou entre groupes alliés. Mais le rationalisme (occidental) qui « objective » le réel et le ramène à des « lois empiriquement vérifiables » a fait délaisser ces modes de fonctionnement emblématiques et spécifiques. Signalons toutefois qu’un parallèle peut être établi entre ces alliances à plaisanteries et les railleries ou préjugés qui existent en Europe où l’on considère que le Breton est têtu, l’Italien vantard, le Britannique flegmatique ... 
Avec les conflits qui perturbent le monde et singulièrement l’Afrique, force est néanmoins d’admettre que l’histoire n’a pas toujours suivi les prédictions des théoriciens du XIXe siècle comme A. Comte, Karl Marx, Max Weber...Le rationalisme occidental n’a pas toujours su, en effet, prévoir les conflits qui assaillent notre monde ni trouver les solutions adéquates et appropriées.

Les alliances à plaisanteries sont donc un phénomène social au service des liens interpersonnels en Afrique. Des parentés à plaisanteries, les formes d’alliances sont nombreuses et multiples. Elles sont un credo nécessaire au maintien et à l’amélioration de bonnes relations entre différents groupes.

Il est vrai que les alliances à plaisanteries peuvent apparaître aux yeux de beaucoup comme un sujet relevant du domaine de la nostalgie. Mais il n’en est rien surtout que la réalité de nos sociétés étend le bien-être de l’homme et du citoyen au delà de l’économique. De là surtout, avec les différents conflits, la mission des sciences humaines (anthropologie, ethnologie, littérature, peinture...) trouve sa véritable portée et des voies nouvelles. 
La réalité est implacable et elle montre que les alliances à plaisanteries sont plus qu’un sujet d’actualité qui peut permettre à nos communautés de retrouver leur équilibre. 
En effet, ce thème nous paraît être une voie, une piste de résistance à réexplorer quant au fonctionnement de nos sociétés et civilisations africaines. A nos yeux, c’est même un enjeu fondamental pour le fonctionnement communautaire : « ...L’histoire est un tout et la nature ne fait pas de bonds. Le génie humain est un ensemble. De la nébuleuse initiale sont parties les prémices de la civilisation actuelle. Et si les révolutions industrielles ou politiques paraissent chaotiques et surgies du néant, elles ne sont que l’aboutissement de l’œuvre obscure commencée depuis des millénaires » 

En effet, toutes les sociétés sont régies par des traits majeurs. Au commencement, les principes de l’autarcie, de l’archaïsme structurent et déterminent la vie communautaire traditionnelle. Ensuite, s’affiche la nécessité de s’ouvrir à d’autres ou de récupérer (phagocyter) des sociétés plus faibles. C’est le principe de toute civilisation. 
A un moment donné, celle-ci est guidée par une volonté d’expansion. Par exemple, à la Renaissance, la conquête du nouveau monde, pour les Européens, s’inscrivait dans cette logique. 
L’Afrique a connu les mêmes principes. Des royaumes (par la guerre) et des empires ont été créés, disloqués, parfois remplacés par d’autres et ont connu, avec la pénétration coloniale, des Etats forgés de toutes pièces par la volonté du colonisateur. Ainsi en est-il du Worodougou ou Horodougou évoqué dans Les soleils des indépendances de Kourouma.

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